Ne nous limitons pas à l’indignation

Lorsque je suis indigné je me sens rapetissé et limité.

L’indigné se pose en victime. S’indigner n’apporte rien de constructif. S’indigner est presque de la résignation. D’ailleurs le dictionnaire explique l’indignation par “Sentiment de colère et de mépris qu’excite une personne ou une chose indigne”.
Ce mot mis à la mode par Stéphane Hessel par son best seller « indignez-vous » est donc plutôt négatif. Curieux que ce livret a connu un tel succès alors qu’il n’apporte aucun conseil constructif, aucun conseil pour changer notre façon d’être et de consommer.
Avec son auréole d’ancien résistant, Hessel  nous explique que « résister c’est créer ! » Curieux, que créé-t-on en résistant ? Toute résistance créée une tension, c’est une loi de la physique. Lorsque des résistants abattaient des allemands, en retour ceux-ci fusillaient des otages, la gestapo venait terroriser la population. La tension et la haine grandissaient engendrant des représailles de plus en plus féroces des deux côtés.(1) Au lieu de nous indigner, de nous contenter de résister, n’y a-t-il pas autre chose à faire ?

Être indigné n’apporte pas la joie de vivre Les mots sont créateurs. Notre façon de penser et de ressentir influence notre futur. A quoi bon m’indigner si je reste aliéné à un mode consommation qui détruit ma santé tout en alimentant ce système de profit qui nous mène vers des catastrophes écologiques par le saccage des ressources naturelles et les pollutions qu’il engendre.
Ceux qui nous dirigent ne sont puissants qu’en apparence, c’est nous qui les rendons puissants par notre ignorance. Ne sont-ils pas quelque part nos miroirs ?
Nous avons pris l’habitude d’accuser le monde extérieur pour tout ce qui arrive et qui ne nous convient pas. Nos actes, la force destructrice de nos pensées négatives, la colère, alimentent et engendrent des énergies menant vers des situations encore plus détestables. Par le changement individuel positif nous influençons  le changement collectif.
Chacun de nous contribue à la transformation du monde par la transformation soi-même. En portant notre attention sur ce qu’il y a de positif, nous ne laisserons plus la négativité s’installer. L’évolution des consciences nous sortira du chaos actuel pour nous faire naître à une vie nouvelle, plus harmonieuse et plus vraie.


(1) Pas question de commettre le sacrilège de blâmer la résistance. Toutefois il convient de préciser que les actes de résistance non violent apportaient de meilleurs aboutissements. Par exemple, les cheminots qui inversaient les étiquettes d’acheminement de wagons de marchandise destinés à l’armée allemande œuvraient plus utilement que la résistance armée dont les actes généraient trop souvent d’inutiles drames. Cacher ou aider des personnes recherchées, fournir des renseignements précieux aux alliers, etc. étaient des actes plus nobles que de massacrer sans jugement des français « collabos » (ou supposé « collabos ») lors de la libération. Il y aurait matière à écrire de nombreux ouvrages sur ce sujet. Les chefs de la résistance étant au pouvoir après guerre, le rôle de la résistance dans la libération de la France a été fabuleusement enflé.